Ancien directeur sportif légendaire, Cyrille Guimard a marqué l’histoire du cyclisme français en remportant à sept reprises le Tour de France aux côtés de coureurs mythiques comme Lucien Van Impe, Bernard Hinault et Laurent Fignon. Dans son livre paru aux éditions Ouest-France (collection Prolongation), il revient sans détour sur ses plus belles années, ses relations parfois tendues avec ses champions et ses regrets. Un témoignage précieux sur une époque révolue… et sur un homme au caractère bien trempé.
Un ouvrage pour comprendre un manager hors normes
Dans cet ouvrage riche en entretiens et témoignages, Cyrille Guimard se livre comme rarement. De ses débuts de coureur professionnel jusqu’à ses années de consultant, il revisite un demi-siècle de cyclisme. On y découvre un directeur sportif exigeant, un tacticien redoutable, mais aussi un homme qui n’a jamais hésité à dire ce qu’il pensait, quitte à se brouiller avec certains.
À travers ses confidences, on comprend mieux ses choix, ses stratégies parfois incomprises et la manière dont il a façonné quelques-uns des plus grands noms du peloton.
Lucien Van Impe : le coureur qu’il fallait dompter
« Il a fini par respecter mon plan en 1976. Il n’y croyait pas, sa femme non plus. À Pyrénées 2000, Rita m’a carrément balancé le maillot jaune au visage ! » raconte Guimard.
À l’époque, Van Impe rechigne à suivre la stratégie de son directeur sportif, persuadé de pouvoir défendre le maillot jaune coûte que coûte. Guimard, lui, sait qu’il faut temporiser pour mieux frapper. « Ce n’était pas un coup de génie, juste du bon sens », insiste-t-il. La relation entre les deux hommes sera tout sauf simple. « Je n’aimais pas sa mentalité, il avait ses petites habitudes, ses deals en douce… Sur le Tour, il laissait Merckx tranquille. » Des confidences qui lèvent le voile sur les coulisses d’un sacre difficilement arraché.
Bernard Hinault : un champion né pour le combat
Avec Bernard Hinault, c’est une tout autre histoire. Entre eux, la confiance est forte, même si le « Blaireau » reste imprévisible. « Je ne pouvais pas passer à côté de son talent. Je savais où l’emmener, mais pas trop tôt. Ni lui, ni l’équipe n’étaient prêts pour le Tour dès sa première année. » Guimard se souvient d’un coureur à la VO2 max hors normes, capable de dominer le contre-la-montre comme personne.
« Hinault, c’était un boxeur dans l’âme. Il a besoin d’adversité, de conflit même. Quand le combat ne vient pas, il le provoque inconsciemment. » Une facette qui explique ses coups d’éclat comme ses crises. Mais derrière le guerrier se cachait un homme qui, une fois lancé, ne lâchait plus rien.
LeMond et Armstrong : souvenirs et regrets
Guimard évoque aussi Greg LeMond, qu’il a dirigé avant que l’Américain ne devienne le premier non-Européen à gagner le Tour. Et Lance Armstrong, avec qui il aurait pu travailler avant que la maladie ne change le cours de l’histoire. Des trajectoires qu’il observe aujourd’hui avec lucidité et un brin de nostalgie.
En bref : un livre à dévorer pour les passionnés de cyclisme
Au fil des pages, Cyrille Guimard offre un regard unique sur le cyclisme d’hier : ses tactiques de course, ses coulisses parfois sulfureuses, ses anecdotes savoureuses. C’est tout un pan de l’histoire du Tour de France qui renaît sous sa plume.
Pour tous ceux qui veulent comprendre ce qui se jouait vraiment derrière les podiums et les maillots jaunes, ce témoignage est un incontournable.
