Une orbite imparfaite aux conséquences mesurables
Le jeudi 3 juillet 2025, à 19h54 UTC (21h54 heure de Paris), la Terre atteindra un moment astronomique remarquable : son aphélie. À cet instant, notre planète sera à 152 087 738 kilomètres du Soleil, soit la plus grande distance de l’année qui nous sépare de notre étoile.
D’après les données précises du Laboratoire Temps Espace (anciennement Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides), ce phénomène illustre la complexité de l’orbite terrestre. Contrairement à une idée reçue, la Terre ne décrit pas un cercle parfait autour du Soleil, mais une ellipse légèrement excentrique (0,0167). Cette irrégularité, bien que minime, engendre des écarts de distance sensibles tout au long de l’année.
Par exemple, six mois plus tôt, le 4 janvier 2025, la Terre était passée à son périhélie, à seulement 147 103 686 kilomètres du Soleil. Ainsi, l’écart entre périhélie et aphélie atteint près de 5 millions de kilomètres, ce qui représente environ 3 % de variation par rapport à la distance moyenne.
Un décalage temporel millénaire
Le fait que l’aphélie survienne en plein été pour l’hémisphère Nord reste l’un des paradoxes fascinants de l’astronomie terrestre. Ce n’est donc pas notre éloignement au Soleil qui crée les saisons, mais bien l’inclinaison de l’axe de rotation terrestre, fixée à 23,5 degrés. Grâce à cette inclinaison, l’hémisphère Nord est orienté vers le Soleil en été, ce qui entraîne une exposition plus directe et prolongée aux rayons solaires. Ainsi, le solstice d’été, qui a eu lieu le 21 juin 2025, marque la période où cette inclinaison est maximale.
Autre aspect méconnu : la date de l’aphélie se décale progressivement au fil des siècles, un phénomène connu sous le nom de précession apsidale. Chaque année, le passage à l’aphélie avance d’environ 20 minutes, en raison de la rotation lente de l’ellipse orbitale de la Terre. À très long terme, ce décalage modifie subtilement les cycles climatiques : dans environ 5 000 ans, l’aphélie coïncidera avec l’équinoxe d’automne, puis avec le solstice d’hiver dans 10 000 ans. Ces ajustements influencent la quantité d’énergie solaire reçue, jouant un rôle dans les variations climatiques à l’échelle géologique.
Un phénomène sous haute surveillance scientifique
En dépit de l’ampleur apparente de cette variation, la différence d’énergie solaire reçue entre périhélie et aphélie ne dépasse pas 6 %. Cette modulation reste donc trop faible pour influencer directement notre météo quotidienne. La distance moyenne Terre-Soleil, d’environ 149,6 millions de kilomètres (une unité astronomique), sert de référence dans l’étude des distances au sein du système solaire.
Le suivi rigoureux de l’aphélie s’inscrit dans une démarche scientifique majeure. Le Laboratoire Temps Espace, issu de la fusion du SyRTE et de l’IMCCE en janvier 2025, calcule ces données avec une extrême précision. Ces informations sont essentielles pour la recherche en mécanique céleste, mais aussi pour les missions spatiales ou certaines technologies qui nécessitent de connaître la position exacte de la Terre.
Enfin, comprendre ces légères variations orbitales contribue à décrypter les célèbres cycles de Milankovitch, ces oscillations astronomiques qui influencent le climat sur plusieurs millénaires. L’excentricité de l’orbite, l’obliquité de l’axe terrestre et la précession composent ces cycles complexes, soulignant combien la trajectoire de notre planète reste un élément clé dans l’équilibre climatique de la Terre.