Votre transit intestinal en dit long sur votre santé, révèle une vaste étude
On l’ignore souvent, mais la fréquence de nos selles pourrait bien être un indicateur clé de notre santé globale. C’est ce que confirme une récente étude américaine, qui met en lumière les liens entre notre transit, le microbiote intestinal et certains risques de maladies chroniques.
Pourquoi la fréquence des selles est un marqueur de santé sous-estimé
Si certains signes de bonne santé sont connus de tous, d’autres restent plus discrets. C’est le cas de la fréquence des selles. Selon plusieurs études, dont une publiée dans Nature, aller à la selle plus de trois fois par jour serait lié à une moindre diversité du microbiote, à de l’inflammation intestinale, et donc à un déséquilibre de la santé digestive. À l’inverse, une fréquence trop basse (moins de trois fois par semaine) expose à d’autres risques : accumulation de toxines, risques de maladies rénales ou neurodégénératives comme Parkinson.
Une étude parue en 2020 dans Microorganisms révèle par exemple que 71 % des patients dialysés souffrant de maladie rénale chronique présentaient aussi une constipation persistante.
Une grande étude américaine pour mieux comprendre
Les chercheurs de l’Institute for Systems Biology (Seattle) ont analysé les données de près de 4 000 adultes volontaires, âgés de 19 à 89 ans, issus de la base de la start-up Arivale. Après exclusion des personnes souffrant de maladies intestinales ou rénales connues, ils ont croisé les questionnaires sur le mode de vie, l’alimentation, la santé mentale et des analyses biologiques, en particulier sur la diversité du microbiote.
Les participants étaient classés selon quatre profils : constipation (≤ 2 selles/semaine), normal (3 à 6), supérieur à la normale (1 à 3/jour), et diarrhée (≥ 4/jour). Les analyses moléculaires (séquençage ARN 16s) ont montré que près de 60 % des bactéries intestinales variaient selon la fréquence des selles.
Sexe, âge, alimentation : ce que révèle la science
L’étude confirme le lien entre constipation et baisse de diversité bactérienne, en particulier la présence accrue de certains microbes comme le Ruminiclostridium 9 chez les personnes les plus constipées.
Fait surprenant, les femmes – bien que mangeant en moyenne plus de fibres (fruits et légumes) que les hommes – sont davantage sujettes à la constipation et aux troubles rénaux. Les hommes, eux, présentent plus souvent une fréquence élevée ou de la diarrhée. L’étude pointe aussi que la diarrhée et le transit accéléré concernent plus souvent les moins de 40 ans.
Autre enseignement : les personnes ayant un bon taux de cholestérol et une inflammation intestinale modérée ont généralement une alimentation riche en fruits et légumes.
Santé mentale et transit, un lien étroit
L’étude révèle également que la présence de troubles anxieux ou dépressifs dans la famille augmente le risque de diarrhée chez les participants. Ce lien entre cerveau et intestin conforte l’idée d’un “axe intestin-cerveau” de plus en plus étudié par la recherche.
Enfin, les personnes présentant un transit très ralenti accumulent davantage de toxines urémiques, connues pour leur rôle dans la progression des maladies rénales et neurodégénératives.
Un indicateur utile, mais à interpréter avec prudence
Si la fréquence des selles peut donner une indication précieuse sur notre état de santé, les auteurs rappellent qu’il s’agit d’un marqueur à compléter par d’autres analyses. Ils soulignent aussi que leur échantillon n’est pas totalement représentatif de la population (majorité de femmes blanches).
Reste que cette étude met en lumière un indicateur simple à surveiller au quotidien : notre transit pourrait bien être un baromètre de notre santé globale.
