Depuis plusieurs semaines, un navire restait statique à la frontière des eaux françaises, privé de tout port. Le tanker, sous pavillon d’Antigua-et-Barbuda, supportait isolé les caprices de la géopolitique, au large de Belle-Île et de Noirmoutier. L’histoire, chargée de silence et de tension, dévoile une traversée humaine et réglementaire hors du commun.
Les raisons du blocage du tanker entre Belle-Île et Noirmoutier
Depuis le 20 mai, l’Union européenne a inscrit le navire sur sa liste noire, lui interdisant tout accès aux ports, raconte le site liberation.fr. Immobilisé depuis le 26 avril, il trône entre Belle-Île et Noirmoutier, à quelques kilomètres des plages. Dans ce contexte, un tanker reste immobile et sous haute surveillance. Marqué par ces sanctions, il stationne en pleine mer sans pouvoir relâcher.
Le Maisha, vieux pétrolier rouillé de près de 300 mètres, arbore un pavillon d’Antigua-et-Barbuda. Son nom signifie « vitalité » en swahili, invitant au voyage malgré l’immobilité. Sa coque rouge témoigne de décennies en mer, alors que la barre reste figée, soulignant son impasse maritime.
À bord, une trentaine de marins philippins n’ont pas touché terre depuis des semaines. Sans ravitaillement, leur situation devient critique. Leur espoir vacille alors que les ressources s’amenuisent, oscillant entre incertitude et lassitude. À toute épreuve, ils restent confinés, dépendants des décisions politiques pour retrouver la côte.
Le départ soudain du tanker après soixante-sept jours d’immobilisation
Le mercredi 2 juillet, peu après 22 h, les moteurs du tanker ont rugi, marquant un tournant inattendu. Après 67 jours d’arrêt forcé depuis le 26 avril, le navire a retrouvé son mouvement. Ce réveil soudain surprend, tant la situation semblait condamnée à durer indéfiniment.
Rapidement, le cap a été fixé vers Curaçao, île des Caraïbes, où une arrivée est prévue pour le 15 juillet. Initialement, la cargaison devait gagner le Danemark après un départ d’Inde. Ce changement d’itinéraire reflète les contraintes imposées par les sanctions et les négociations en coulisse.
Cette reprise survient après une visite de la Marine nationale et des échanges avec la préfecture maritime. De même, le commandant, en contact avec Seaserenity Shipping Ltd., a coordonné chaque étape. Ainsi, la coordination entre autorités et armateur a sans doute permis ce déblocage.
Une situation critique pour l’équipage philippin en pleine mer
Début juin, Geoffroy Lamade, inspecteur pour l’ITF, a reçu un appel d’épouse inquiète. Son mari, l’un des 29 marins philippins, subissait l’isolement. Rapidement, l’ITF a évalué la situation et alerté les autorités pour défendre ces professionnels face à l’impasse.
Un marin dont l’état de santé s’était dégradé a pu débarquer par hélicoptère grâce à l’ITF. Toutefois, l’équipage restant faisait face à l’épuisement des vivres : plus de fruits ni de légumes, uniquement du riz. Cette pénurie a accentué l’angoisse et la fatigue accumulée à chaque jour.
Par ailleurs, le Maisha figure depuis le 20 mai sur la liste noire de la flotte fantôme russe, classant 342 bateaux. Cette interdiction d’accoster en Union européenne explique l’immobilisation prolongée, dénonçant un risque de financement indirect du conflit ukrainien.
Enfin une issue pour le navire et son équipage
Après deux mois d’attente, le Maisha s’éloigne enfin des côtes françaises pour regagner Curaçao. Ce départ libère les 29 marins philippins du confinement et du stress prolongé. Désormais, le pétrolier naviguera sous surveillance, cherchant à conclure son périple entaché de sanctions. Espoir renaît pour l’équipage, tournant la page d’une épreuve maritime unique.