C’est un coup de tonnerre dans le classement annuel des plus grandes fortunes de France. Après huit années d’un règne sans partage, la famille Arnault, à la tête du mastodonte LVMH, cède sa première place à la famille Hermès, illustre maison connue dans le monde entier pour ses sacs iconiques, ses carrés de soie et son artisanat d’exception.
Ce changement de leader, révélé par le classement 2025 du magazine Challenges, marque un véritable tournant dans l’univers feutré des milliardaires français. Selon l’enquête, la famille Arnault a vu sa fortune fondre comme neige au soleil : elle serait passée de 190 milliards d’euros en 2024 à environ 117 milliards cette année. En cause, une année 2024 délicate pour le groupe LVMH, qui a dû affronter une baisse de 17 % de ses bénéfices, mais aussi une chute sévère de son cours de Bourse, impactant directement la valorisation globale de l’empire du luxe.
Les analystes soulignent que LVMH n’est pas le seul grand acteur du secteur à subir la conjoncture. Les autres géants du luxe, Chanel et Kering notamment, accusent eux aussi des replis significatifs : -28 % pour Chanel, et même -62 % pour Kering. Ces chiffres illustrent la fragilité du marché du luxe, soumis aux variations économiques mondiales et aux changements de consommation.
La stratégie Hermès : une croissance maîtrisée qui paye
Pendant que ses concurrents vacillaient, Hermès a su tirer son épingle du jeu. Contrairement aux grands groupes multi-marques, la maison familiale a poursuivi sa croissance de manière régulière, misant sur une production limitée et un positionnement ultra-exclusif qui font sa force depuis des décennies.
En 2024, le résultat net du groupe Hermès a progressé de 6,8 % pour atteindre 4,6 milliards d’euros. Cette performance a dopé sa capitalisation boursière qui culmine désormais à 249 milliards d’euros. La fortune de la famille Hermès est ainsi passée de 155 milliards d’euros en 2024 à 163 milliards en 2025, consolidant sa nouvelle place de numéro un dans le gotha français.
Cette ascension fulgurante montre que le modèle Hermès, fondé sur la rareté, la fidélité à un savoir-faire artisanal et la maîtrise des volumes, séduit toujours les investisseurs comme les clients. À l’heure où le marché du luxe interroge ses excès et doit composer avec de nouvelles exigences environnementales, Hermès semble avoir trouvé un équilibre entre croissance et exclusivité.
La troisième place du classement reste quant à elle inchangée. Malgré un recul de leur fortune de 115 à 95 milliards d’euros, les frères Alain et Gérard Wertheimer, héritiers de Chanel, conservent leur place sur le podium. Leurs performances rappellent que même les grandes maisons historiques doivent redoubler d’efforts pour préserver leur aura et leur rentabilité dans un secteur de plus en plus concurrentiel.
En définitive, ce changement symbolique au sommet du classement des fortunes françaises montre qu’aucun empire, même le plus puissant, n’est à l’abri des soubresauts économiques. Dans le monde du luxe, l’excellence artisanale et une stratégie patiente peuvent encore rivaliser avec les géants globaux. Hermès en est aujourd’hui la preuve éclatante.