Fin de vie. « Ce n’est pas parce qu’on est en palliatif que la dernière page se tourne » : ce service de soins lutte ardemment contre les clichés

Un service où la dignité trouve toujours une place chaleureuse

La fin de vie soulève souvent des idées noires, pourtant le service de soins palliatifs du CHU Gabriel-Montpied offre un autre horizon. Ici, 14 lits accueillent des patients qui, comme Victor, 53 ans, veulent encore rire, respirer et partager un verre. Dans cet espace baigné de bienveillance, chaque seconde préserve la dignité et réveille l’envie d’avancer malgré la maladie, sans jamais céder au désespoir.

Fin de vie et pulsion vitale : dépasser les idées reçues ensemble

Victor, 53 ans, a quitté son premier service quand la médecine curative s’est avouée vaincue, raconte le site france3-regions.franceinfo.fr. Il a roulé vers Clermont-Ferrand avec l’appréhension qu’un tunnel se ferme. Pourtant, dès l’accueil, sourires, temps donné et écoute ont ouvert l’espace. Sa crainte s’est fissurée, laissant réapparaître l’élan intérieur qui déjà palpite sous les draps.

« Ce n’est pas parce qu’on est en palliatif que la dernière page se tourne », rappelle-t-il, et l’on perçoit son souffle plus ferme. Cette phrase simple détruit l’équation automatique entre fin de vie et résignation. Elle invite à parler projets, jeux, souvenirs, tout ce qui réchauffe le présent, chaque jour encore.

La docteure Virginie Guastella, cheffe de service, cultive cette vigueur. Depuis plus de 20 ans, elle apaise la douleur et, surtout, rappelle que personne n’est un fardeau. Selon elle, offrir des repères concrets — horaires, rendez-vous, projets modestes — nourrit la confiance et redonne au malade sa place citoyenne dans son histoire.

Fin de vie et loi récente : donner du sens au temps restant

Fin mai, l’Assemblée nationale a adopté une loi qui renforce l’accès aux soins palliatifs et promet, à l’automne, un débat au Sénat. Cette avancée législative trace un cadre clair : reconnaître le désir de vivre jusqu’au bout, éviter l’acharnement, mais garantir un soulagement efficace, pour chaque malade accueilli ici en sécurité.

Dans l’unité, l’équipe discute deux fois par jour du parcours de chacun, car la décision de sédation profonde et continue exige une conscience partagée. En moyenne, une à deux procédures sont menées chaque mois, toujours après que le patient a jugé sa souffrance insupportable et demandé ce repos ultime volontaire.

Les séjours durent en moyenne quinze jours, pourtant rien n’interdit qu’ils s’étirent sur des semaines, voire des années ; le concept de fin de vie ne fixe pas une date d’expiration. La mission du service consiste plutôt à remplir le calendrier restant de moments utiles, tendres et parfois joyeux, pour chacun.

Chaque geste quotidien transforme la chambre en scène de vie joyeuse

Sylvie Ollier, aide-soignante, savoure le privilège d’avoir du temps. Elle masse des épaules endolories, ajuste un oreiller, partage un fou rire ; ces gestes simples soutiennent l’âme autant que le corps. Les patients la remercient, et elle confie recevoir autant qu’elle offre, convaincue de cette réciprocité qui renforce son engagement quotidien profond.

Ici, boire un verre de vin rouge, caresser un chien adoré à trois heures du matin ou batailler à la console devient possible sans passer par mille formalités. Ces permissions précieuses rappellent que la personne domine encore son histoire et reste libre de composer son propre bien-être à chaque instant.

La psychologue Axelle Maneval, forte d’un quart de siècle de présence, écoute les colères, nomme les peurs et guide les proches. Son regard doux, pourtant rigoureux, élargit la conversation au chagrin à venir. Grâce à elle, le mot Fin de vie se charge moins de vertige et davantage d’espoir pragmatique partagé.

Depuis le couloir jusqu’au cœur, la vie circule encore

Alors que certains imaginent un silence pesant, l’unité clermontoise démontre chaque heure qu’une lumière demeure. Les règles, votées fin mai, soutiennent cet élan, mais ce sont surtout les visages attentifs qui transforment l’épreuve. Quand un patient savoure un dernier concert ou prépare un anniversaire, c’est tout le service qui respire et confirme que l’existence ne se résume jamais à sa dernière ligne.

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